« Il faut qu’il reste un peu de chaos dans le vin pour que vibrent nos émotions ! »
Bien souvent il est dit que le vin n’est pas un produit « naturel » et que seul le vinaigre serait l’issue véritable de la transformation « naturelle » du raisin.
Bien souvent il nous est opposé que c’est l’homme qui « fait » le vin et non pas la nature.
Certes ! Il faut reconnaître que depuis trois mille ans l’homme use d’inventivité pour stopper la tendance du vin à devenir du vin-aigre !
De tous temps, il nous aura fallu user de plantes, de résines, de miel, d’épices et autres recettes empiriques pour conserver et consommer le vin le plus longtemps possible.
Certes, l’œnologie moderne, à la suite de Pasteur, a permis de comprendre et de mieux maîtriser un processus jusqu’alors incompris. Mais ce fut au prix de la perte d’une part de magie et de poésie.
A ce jour, il est regrettable que l’élaboration d’un vin respectueux de la vie et des processus naturels qui permettent son élaboration, se solde souvent par une incompatibilité avec les critères de dégustation imposés par les A.O.C. via les décrets de l’INAO.
L’absence de ce que les œnologues appellent « défauts », en rapport à un processus d’élaboration connu et désormais normé, n’est pas une garantie de qualité, loin s’en faut ! Ce serait faire fi des émotions que nous procure la dégustation d’un vin.
Quid de l’intensité du ressenti, de la vibration perçue ? L’émotion n’est elle pas en tous points supérieure à une analyse chimique conforme à des normes s’agissant du vin ?
« Il faut qu’il reste un peu de chaos en nous, pour enfanter d’une étoile dansante » écrivait Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarasoustra ». A vouloir tout normaliser, la viticulture dominante a fini par transformer l’étoile dansante en une météorite échouée dans un désert…
Vibrer avec le vivant, c’est accepter un peu de chaos dans le vin !
Franck PASCAL – Vigneron en Dordogne, l’autre est en Champagne 😉